Visite de St Cloud avec l'AVF Sèvres Ville d'Avray

La colline de Saint Cloud méritait bien une visite érudite en cet après-midi caniculaire…

A tout seigneur tout honneur, c’est auprès de Saint Clodoald qu’a débuté notre déambulation. Ce descendant de Mérovée mort à l’âge canonique de 38 ans (*) nous a offert un peu de fraicheur dans l’église que Marie Antoinette a tenté de rebâtir en son honneur. Cet édifice à peine commencée en 1778 attendra 1863 pour être consacré, le chantier ayant subi les vicissitudes de la révolution et le manque récurent de subsides. Ce que nous voyons est donc une réalisation essentiellement du 19eme siècle dont les décors pastel rappellent ceux créés par Eugène Viollet-le-Duc pour la restauration de Notre-Dame. L’architecte Pierre-Félix Delarue adopte ici un style romano-gothique en vogue à l’époque. La paroisse, qui attire de généreux donateurs, orne le lieu d’œuvres prestigieuses du tout début du XXème siècle. On remarque une chaire, réalisée par d’Ernest Guilbert en 1899 et présentée à l’Exposition universelle de 1900 ainsi que des tableaux de bonne facture (**). L'orgue, réalisation antérieure de Cavaillé-Coll, reste pudiquement caché sous les bâches de protection posées pour la durée de la restauration du bâtiment en cours.

A l’extérieur en face et en contre-bas du narthex, les vestiges de la chapelle d’origine subsistent sous la garde bienveillante de Charles Gounod illustre compositeur mort à Saint-Cloud en 1893.

A quelques pas de là l’hôtel de ville, monument d’un harmonieux classicisme construit entre 1870 et 1874, présente de belles huiles de Gaston La Touche, dont « La paix » joyeuse scène rassemblant un aéropage de personnalités en vue dans un cadre festif. Qualifié de « peintre de la vie heureuse » il capture la joie et la légèreté de la Belle Époque.

Un court chemin vers le sud nous conduit vers les bureaux de la Colline un ensemble le métal de de verre couleur bronze dont la masse considérable occupe tout le quartier sud-est. Le contraste avec le Saint-Cloud médiéval ou bourgeois attenant est brutal, cependant les bureaux forment un écran efficace contre les nuisances sonores des voies à grandes circulation en contre-bas, et contribuent à la sérénité des petites rues du « village » de Saint-Cloud.

L’ascension de la colline débute pour nous conduire vers le « carré », espace culturel cis dans l'ancien couvent des Ursulines. Cet ensemble architectural a hébergé au XIXème siècle les archives financières, notamment celles du Grand-livre de la dette publique. Quelques marches encore et on découvre l'Isba, vestige de l’exposition universelle de 1889, déplacée ici pour devenir une habitation atypique. Il faut encore un petit effort pour rejoindre Montretout avec sa vue imprenable. Inutile de chercher l'ancienne gare de Saint-Cloud des frères Pereire, elle est partie se mettre au vert le temps des travaux de la ligne 15, pas non plus de château de Montretout qui a déménagé dans l’Eure à Dangu en 1896 pour suivre le duc Pozzo di Borgo. Décidément les édifices Clodoaldiens ont la bougeotte !

Après un bref passage pour admirer les belles demeures art-déco et art-nouveau de la colline nous nous hâtons vers le château de Saint-Cloud situé dans son immense parc. La belle résidence de Monsieur le frère du roi, Marie-Antoinette puis Napoléon III, c’est elle aussi envolée, mais en 1871 pour cause d’incendie. Heureusement vidé de son mobilier bien avant sa ruine. On peut voir maquette, tableaux et mobilier dans le joli musée à proximité. Une fontaine à eau bienvenue nous permet un ravitaillement salvateur avant que le groupe ne s’égaille et ne rentre bien avant la clôture anticipée du parc, dont le préfet a sagement ordonné la fermeture pour prévenir des conséquences de l’orage (bien vu !).

Lors de cette visite Saint-Cloud n’a livré qu’une petite partie de ses trésors. A la prochaine donc !

(*) Au sein de la lignée de Mérovée la dague et le poison écourtaient opportunément l’existence des possibles prétendants aux trônes.

(**) Ces œuvres mettent en scène des personnages bibliques arborant les traits de leurs humbles donateurs.

Découvrez le reportage photos de Jean ICI